DU CINEMA A LA PSYCHANALYSE, LE FEMININ INTERROGE

EXTRAITS
Freud, The secret passion, le film de John Huston, Extrait

« Pour incarner son Freud, John Huston choisit Montgomery Clift, avec qui il venait de terminer The Misfits. Un des plus beaux visages de Hollywood, un regard surtout, lumineux, ardent. Le résultat est étonnant de vraisemblance. Je crois volontiers que Freud, dans sa jeunesse, ressembla plus à Montgomery Clift jouant Freud, qu’aux médiocres portraits figés qui nous restent de lui. Pour autant, le tournage n’en fut pas facilité. Clift, névrosé, accidenté, alcoolique, et de plus en plus angoissé, ne se laissait plus ni rassurer ni diriger. John Huston s’en plaignit ensuite : « C’est l’expérience la plus difficile que j’ai eue avec un acteur. Je tourne toujours avec un immense plaisir, comme je vis. Mais là j’ai vécu un cauchemar. » Innocent John Huston ! Quel acteur aurait pu, sans vaciller, s’approprier un texte qui dévoile son inconscient ? son désir incestueux pour sa mère ! son souhait d’enfant de tuer son père ! Clift en devint aveugle (temporairement). John Huston, plus endurci encore qu’un psychanalyste, lui proposa tout bonnement de prendre un chien d’aveugle, et lui intima de poursuivre. Alors Susannah York, la jeune patiente hystérique, conformément au caractère de son rôle, se rebella contre le maître et se déclara en grève par solidarité avec son partenaire. Toute l’équipe avait bien plongé au cœur de la psychanalyse…»
A Dangerous Method, le film de David Cronenberg, Extrait

« Dès le début, bouleversée, admirative, je me cramponnai à mon siège. Oui, les premières images de A Dangerous Method sont un choc… »
L'insistance du réel
Editions Eres 2006, sous la direction de Christian Centner, collection Scripta

Sade ou le réel du fantasme, Extrait
« Il est de bon ton aujourd’hui de ne considérer en Sade que l’écrivain : Sade, auteur d’une œuvre scandaleuse peut-être, mais de fiction. Sade, auteur doué d’imagination, laissant libre cours à ses fantasmes, ses fantaisies masturbatoires, et écrivant des situations totalement imaginaires. C’est ce qu’on préfère croire. L’œuvre de Sade ne serait, au fond, qu’un conte, sinistre et terrifiant, que les psychanalystes pourraient lire sérieusement, comme il leur arrive de lire des contes de fées. Pourquoi existe-t-il une telle résistance, aujourd’hui encore, à reconnaître que Sade fut criminel ? »

LA PSYCHANALYSE, CHERCHER, INVENTER, REINVENTER
Editions Erès 2004, sous la direction de Jean François, collection Scripta

Vérifier un désir inédit, Extrait
« J’énoncerai d’emblée les considérables problèmes auxquels Lacan a choisi de confronter la psychanalyse de Freud, tout en construisant une théorie pour lui donner solution. A quels challenges, au regard des principes de la science, a-t-il progressivement répondu ? J’ai isolé quatre étapes, qui sont bien sûr logiquement solidaires et non chronologiques :
– donner à l’Inconscient une structure formelle,
– définir, sur le modèle du sujet de la science, un sujet de la psychanalyse,
– préciser pour la psychanalyse (sa théorie comme son expérience) un objet spécifique,
– conjoindre dans la psychanalyse l’expérience (la cure) et la théorie ; c’est à dire, plus exactement, répondre de ce que la théorie garantisse la répétition de l’expérience.
Si les psychanalystes renonçaient à ce statut scientifique de la psychanalyse et de sa transmission, leur discipline ne se différencierait plus de la psychologie, voire d’une initiation. »
