L’AUTEUR DU CRIME PERVERS

Landru

« Si Landru n’avait été qu’un minable escroc assassin de pauvres femmes (qui n’avaient pour elles ni la jeunesse, ni la beauté, ni la richesse) comment expliquer qu’il fascina les foules ? qu’il reçut en prison des milliers de lettres, non seulement des messages de sympathie de certains hommes, mais des coffrets de cigares et des boîtes de bonbons, des déclarations d’amour, des demandes en mariage de la part d’admiratrices ? Que sa caricature par Sem ornait le menu de chez Maxim’s ? Que le directeur de la prison causait familièrement avec lui dans sa cellule ? Que les jurés qui le condamnèrent à mort signèrent en même temps un recours en grâce auprès du président de la République ? »

Barbe-Bleue 

« Barbe-Bleue ne tue pas les femmes pour s’en débarrasser. Il ne les tue pas sous le prétexte qu’il s’en lasserait, qu’il voudrait chaque fois une nouvelle épouse. Bien au contraire. Il les tue pour conserver, posséder leur cadavre. Il jouit de son trésor secret. Ce n’est pas non plus qu’il doive trouver, chaque fois, une nouvelle proie. Non, ce n’est pas tout à fait ça. Il lui plaît d’avoir en sa demeure une épouse aimable, une jeune femme qui apporte avec elle la vie, la beauté et la jeunesse si réjouissantes à voir. Une belle et aimable image de femme. Mais pour qu’il se sente accompagné d’une épouse, il faut à Barbe-Bleue au rez-de-chaussée l’image féminine, la maîtresse de maison, et le cadavre à la cave. »

Jack l’Eventreur

« On n’a jamais su son identité. Contrairement aux règles en usage chez les auteurs de crimes pervers, il ne s’est pas dénoncé, pour ce qu’on en sait en tout cas. Sa gloire posthume s’accroche à ce nom : Jack l’Eventreur. Un pseudonyme, un nom d’auteur, qui se substitue pour toujours au patronyme. C’est le nom qu’il s’est inventé pour lui-même, le nom sous lequel il se cacha et se fit reconnaître, le nom duquel il signait des lettres provocantes, écrites en rouge sang, qui narguaient la police. Jack the Ripper ! Dans la langue française, le mot « éventreur » fut créé pour lui. « Eventreur » traduit bien la violence et l’horreur, mais l’anglais ripper dit peut-être avec une plus grande précision clinique l’acte de déchirer et d’arracher. Acte spécifique du crime pervers. Fendre un corps. En extraire quelque  chose. The Ripper. Le Déchireur. L’Arracheur. Nom emblématique du criminel pervers… »