Totalitarisme
Tous les totalitarismes dénoncent une « corruption ». Tous les totalitarismes s'inventent des « corrupteurs ». Qui sont ces malheureux ? Il y eut, entre autres, l'aristocrate, le bourgeois, la sorcière, le protestant, et plus souvent qu'à son tour, le juif… Et aujourd’hui comme toujours, l’étranger…
Le totalitarisme, dans la même logique, fait surgir de l’Incorruptible. L'Incorruptible au pouvoir se donne pour mission d'éradiquer la corruption : d'éliminer totalement tout corrupteur et corrompu. Cette purification programmée n’a pas de limites : de l’expulsion, jusqu’à l’extermination d’une partie de la population.
La corruption dénoncée par les totalitarismes est une faute imaginaire, à l’encontre d’un idéal tout autant imaginaire. Croit-on à « l’innocence du peuple » ? on se convaincra de la corruption des aristocrates. Tient-on à « la culture nationale » ? On se persuadera de sa corruption par les immigrés.
C’est le fil conducteur qui m’a menée à construire, pas à pas, la logique de l’Inquisition, et de la Terreur. A découvrir la logique d’exclusion que recèle Utopie (Thomas More). Et celle de l’invention de Paul de Tarse, (« l’incorruptibilité, c’est la vie éternelle ! »), qui est au fondement du dogme chrétien, et bien malgré lui, de l’antisémitisme.
Aujourd’hui je choisirais un autre titre : Les Incorruptibles et leurs corrompus.
« On dénonce autour de vous les corrompus ? Méfiez-vous plutôt de l’Incorruptible. »